Rien est nouveau s’il existe déjà, ουδέν εξ ουδενός*, donc seul le croisement de ce tout, le mélange de ce qu’existe pourrait, peut-être, « apparaître nouveau ». Mais si « tout existe » même toutes les probabilités et les combinaisons des éléments de « ce tout qui existe » ont déjà existé, en conséquence la « nouveauté » n’existe pas.
La caducité de l’existence permet toutefois un « semblant de nouveauté », le moteur de l’art se révèle être rien d’autre que l’oubli, la démence, la nonchalance, la mort.
Ainsi, il se rend possible l’existence d’un « semblant de nouveauté » grâce à l’éphémère de l’existence humaine, car l’art tient exclusivement de l’être humain, et distingue celui-ci du reste des manifestations naturelles.
Le temps permet à l’oubli d’avoir raison de la mémoire, l’antique semble nouveau, le primitif aussi, comme il « pressentit » Picasso se dédiant aux expériences le menant d’abord à l’invention du cubisme et en suite à sa calligraphie singulière.
Nous pouvons en déduire que la course au nouveau, au bizarre, à l’exceptionnel qui caractérise l’art contemporain, se révèle une compétition perdue à l’avance, mieux, c’est une « chasse à la chimère » qui portera le chasseur (l’artiste) soit au désespoir et à l’abandon, soit à battre des sentiers sûrs le portant à des résultats anodins, soit à la triche la plus grossière le portant à la confection des fausse proies, collage de différents gibiers à créer un improbable spécimen moche et inutile (pseudo-œuvre d’art).
Je termine avec une réflexion personnelle encore plus farfelue que tout le reste du texte écrit jusqu’ici : pensez un moment si la théorie de la réincarnation s’avère exacte et s’il était possible de se rappeler les vies passées… que feraient-ils les Léonards, les Picassos, les Dalìs réincarnés si étaie correcte la théorie du « si se n’est pas neuf ce n’est pas bon » ?
* En latin « ex nihilo nihil fit » un concept pris aussi par Lucrece (disciple d’Epicure 342-270 A.C.N) « Principium cuius hinc nobis exordia sumet, nullam rem e nihilo gigni divinitus umquam. » (De rerum natura I, 149-150)
« Le principe dont nous nous servirons comme point de départ, c’est que rien ne peut être engendré de rien même pas par une intervention divine.. »