Taille-douce : comment aménager son « atelier débutant » en Taille-douce sans investir dans du « professionnel »?
Chapitre 3, Les outils
Et voilà le chapitre final sur comment aménager son « atelier débutant » en Taille-douce : le petit et moyen matériel.
Bonne lecture.
On commence avec la liste des courses…
Quand on débute dans la gravure on s’aperçoit rapidement qu’il nous manque en permanence un truc ou l’autre, pas de panique !
Petite liste non exhaustive :
- spatules
- un plan lisse et imperméable pour malaxer l’encre
- une « poupée » en cuir
- une plaque chauffante pour étaler l’encre
- un réchaud si vous pratiquez l’aquateinte
- des bacs pour mouiller les feuilles et ou graver à l’eau-forte
- …
Spatules
Ne cherchez pas trop, mais qu’il soient en acier inoxydable, Nespoli est une bonne marque, pour une dizaine d’euros ils offre de modèles avec le manche en bois, chose qui est un atout quand vous utilisé des solvants (écologiques ou pas) et des encres à base d’huile.
Il s’agit bien de couteaux à enduire et non pas des produits pour les beaux-arts, il va de soi, ils sont plus résistants et moins chers.
Bien-sûr vous pouvez perfectionner ce produit en le polissant comme un miroir, il sera plus simple à nettoyer.
Le plan d’encrage
Beaucoup d’entre nous ont utilisé des carreaux en verre plus ou moins épais. De mon côté j’ai eu une mauvaise expérience et cela m’a suffit : durant la préparation de mon encre maison, probablement à cause de la dureté du pigment, le verre a commencé à se rayer… en conséquence de minuscules éclats de verre se sont répandus dans l’encre qu’inévitablement a rayé la plaque gravée.
Donc plan B… du métal ? de la pierre ? mais… du marbre ou du granit ? ou du calcaire !
Métal ?
Le métal se raye avec les allez et venue de la spatule, si ce n’est pas de l’inox l’encre s’y colle par sa nature et il engendre un gaspillage supplémentaire, donc pas génial.
Pierre ?
La pierre semble un bon compromis. Toujours en allant en arrière dans mon passé, je peut confirmer que les anciennes pierres pour lithographie en calcaire fonctionnent assez bien, puis leur poids les rend stables, mais leur porosité dénature l’encre, leur fragilité et la facilité avec laquelle on peut les rayer me disent de les exclure, maintenant, de mes choix.
Le granit à l’avantage d’être très dur mais la gamme des « robes » de cette pierre ne permet pas vraiment le contrôle du mélange surtout si on fait de la couleur. Finalement reste le marbre, blanc…
Bien qu’il ne soit pas le moins cher, ça reste la meilleure solution pour moi en ce moment. L’idéal est de récupérer un ou plusieurs carreaux en marbre blanc ou gris clair pas veiné, ce carreaux sont durcis en surface (vitrifiés) et l’encre est bien visible,
Malheureusement, les dimensions nécessaires pour un encrage aisé, rend ce type de carreaux plutôt cher, n’hésitez pas à chercher des chutes chez les marbriers, celle-ci pourrait être la solution.
La poupée
Maintenant je vous parle de la « poupée ». Objet désuète de l’atelier du tailledoucier devenu rare dans le commerce, cet outil est pour moi incontournable pour sa versatilité et praticité, sans compter sa jolie de forme en champignon.
Oui, je sais, beaucoup d’entre vous font l’étalage de l’encre au rouleau et ils ne voient pas l’utilité d’un tel outil, mais moi je trouve que la poupée en cuir, outre que son air vintage, fonctionne mieux pour remplir les sillons le plus profonds.
En autre me permet de faire l’encrage à plusieurs couleurs (il est vrai que ça correspond aux poupées en tarlatane, quelqu’un dira), je peux encrer des matrices en métal en relief à la manière de William Blake et finalement elle est bien plus pratique à nettoyer qu’un rouleau.
N’ayant pas pu trouver une poupée de typographe dans le commerce ni neuve ni d’occasion, je me suis résolu à en construire une.
Tout d’abord j’ai récupéré du cuir d’un vieux canapé abandonné dans les rue en ville, un manche à lime, un pied de lit en forme d’oignon, des chiffons et des clous (semences pour fixer la toile de lin sur les châssis de peinture) un écrou… ce n’est pas évident d’expliquer le processus qui reste très simple et à la portée de tous, fixez d’abord une couche de chiffons d’un petit centimètre sur le pied de lit en le clouant sur le bord haut, en suite couvrez avec le cuir et clouez celui-ci sur le haut du pied, le tout sans coller, cherchez de donner un aspect uniforme à la partie que sera en contact avec la plaque. Fixez solidement un manche… on peut la voir en action ici.
La plaque chauffante pour encrer
Oh ! Là là ! c’est cher une plaque d’encrage !
Sans doutes, une plaque professionnelle en inox pour l’encrage c’est un investissement que pour le moment je laisse aux imprimeurs professionnels.
N’ayant pas des exigences en termes de rapidité ou de robustesse accrue, je me suis retourné sur un « chauffe plats », engin assez grand et très performant, seul bémol : il ne faut pas y taper dessus comme un burin, chose que pour le moment j’ai réussi à ne pas faire.
celui-ci je l’ai trouvé sur Amazon.fr, un jour de black friday, mais pour le service qu’il rend, même à plein prix, ça vaut la peine. Réglage précis, surface sans rebords en vitrocéramique (que je protège avec quelque feuille de journal) plan de 30 cm sur 50 cm.
Les bacs pour mouiller les feuilles
Jusqu’à quand vous n’imprimez que de petites feuilles, même une soucoupe pour pot de fleurs peut faire l’affaire, on en trouve en grande surface de bricolage, de toutes les tailles rondes rectangulaires et carrées, je vous laisse le choix.
En revanche quand, comme moi, vous aimez les belles feuilles « entières » il faut aller plus sur du professionnel, une feuille de format « raisin » fait 50X65, un « jésus » 56X76 donc il faut un grand bac… et un petit investissement en frais de transport.
Je vous conseil donc de grouper éventuellement ce type d’achat avec d’autres artistes en proximité de chez vous, cela permettra à tous de faire une certaine économie.
Je présente maintenant ce type de bac en Polypropylène très résistant aux coups et utilisable (contrairement aux soucoupes de pot de fleurs) aussi pour les solutions acides des mordants, comme l’acide Nitrique à moins de 20% de concentration, le chlorure ferrique, l’acide citrique, donc OK pour le Mordant d’Edimbourg, pour le sulfate de Cuivre le discours est différent, car sa tenue est définie « très bonne » que au 5% de concentration, ce qui fait que je n’ai pas de certitudes sur sa résistance avec le Mordant de Bordeaux.
Le format pour ce type de bac est appelé « Euro » de type « fermé » c’est à dire sans les poignées percées, chose qui réduirait sa capacité en eau. La marque est Auer et sa taille est juste pour les feuilles décrites dessus, de ma part j’ai choisi une hauteur (extérieure) de 12 cm, je trouve que c’est suffisant ne plongeant pas des rames de papier à la fois dans ce bac.
Autre chose à noter est que, ce conteneur, tient pas mal de litres d’eau même avec un faible remplissage. Pour vous donner une idée : pour un centimètre de remplissage vous avez 5 litres d’eau dans le bac, donc 5 Kg que, ajoutés au poids du bac, porte à 8,15 Kg le total. Ce pour vous dire aussi que n’ayant pas, ce bac, de robinet de vidange, au moment de renouveler l’eau il faudra aussi y penser.
Cette entreprise bien-sûr fabrique des bac en plusieurs tailles.
N’oubliez pas, aménager son « atelier débutant » en Taille-douce veut dire aussi prévoir un coin prés du robinet pour placer le bac de mouillage.
Et pour finir, ne gaspillez pas l’eau de mouillage des feuilles, à part un tout petit peu de « colle » elle reste propre pour arroser jardins et pots de fleurs.
Réchaud pour aquateinte
Là c’est simple, on utilise un réchaud électrique ordinaire, malheureusement la température n’est pas aisée à régler, le risque est toujours de trop chauffer ou de brûler la colophane, il faudra un peu pour s’habituer à l’utilisation de cet appareil car il faut rester à peine au dessus de 110° C.
Je crois d’avoir tout mis… à bien tôt.
Et vous ? Comment pensez-vous aménager parfaitement votre « atelier débutant » en Taille-douce ?