Finalement, en appendice aux articles sur l’aménagement de l’atelier en Taille-douce, je m’occupe ici de cette technique d’estampe considérée, à tort, de série B, je vous révèle donc comme réaliser soi-même l’encre et le frottoir pour la Taille-d’épargne.
N’étant pas un blog dédié au survivalisme artistique, certains ingrédients « du commerce » sont indispensables pour un résultat satisfaisant, mais… d’autres sont carrément de la recup’.
Le frottoir
Vous avez raison: le titre est « L’encre et le frottoir pour la Taille-d’épargne », mais je commence par le deuxième…
Les difficultés que j’ai rencontré dans cette technique d’estampe m’ont fait réfléchir sur lequel serait l’outil simple à réaliser et efficace pour « frotter » la feuille sur ma matrice avec le moindre effort. Ce frottoir doit pouvoir être utilisé sans que le papier bouge, sans que ce dernier s’abîme ou, pire, s’arrache.
Premier chose à faire : la recherche.
Beaucoup de pratiquants de la linogravure, et de la Taille-d’épargne en général, préfèrent appeler le frottoir Baren, mot japonais indiquant une famille d’outils de très ancienne conception, actuellement encore utilisés dans leur forme originale, en bois et feuilles de bananier, ou dans leur version moderne en plastique, avec des billes etc.
Je préfère utiliser le mot français de « frottoir » qui rassemble tous les outils manuels avec la même fonction, d’aider l’encre à se transférer sur la feuille par frottement, donc cela concerne aussi les cuillères à soupe ou « à pot » en métal et en bois.
En cherchant un frottoir qui puisse me convenir, je suis tombé sur un fascinant objet en verre semblable aux « molettes à broyer » les pigments, ces outils sont bien plus gros et avec la partie frottante lisse (les molettes l’ont sablée).
Deux sont les entreprises qui fabriquent actuellement ce type de frottoir : le Glass Baren de Print Frog et les très colorés Boise Baren de Tom Callos.
Avant de me lancer dans l’éventuel achat d’un frottoir en verre, j’ai cherché de déduire lesquels seraient les atouts de ce type d’outil et, à partir de là, fabriquer un « bidule » avec les mêmes avantages : le poids et la faible adhérence à la feuille.
Quoi de mieux qu’utiliser des matériaux technologiquement avancés comme le PTFE, c’est à dire le « Polytétrafluoroéthylène » plus communément connu sous le nom commercial de Téflon ? Ce matériel a le plus bas coefficient de friction possible, mais il n’est pas facile à coller ou à fixer et il est assez cher, heureusement ce produit si spécial, est utilisé pour fabriquer les très répandus patins glissant pour les meubles, ces patins sont autocollants et en plusieurs tailles ce qui me permet de réaliser des frottoirs sur mesure.
Maintenant il faut une poignée, un moyen pour pouvoir manœuvrer aisément l’outil sur la feuille, mais… il faut du poids !
Et voilà que j’ai eu l’intuition d’utiliser ce bloque-portes plutôt lourd, généralement d’aspect acier inox, avec des protection en caoutchouc autour, qu’on trouve à quelque euros en grande surface bricolage, il ne reste qu’à les coller un sur l’autre, avec la partie fort adhésive qui est déjà sur le patin, et le tour est joué.
Encre, nous avons dit encre
Dans la vidéo précédente sur le frottoir, vous me voyez encrer les plaques avec une première formulation d’encre « relief » or, malgré le résultat acceptable, il s’est avéré qu’il prenait trop, vraiment trop de temps pour sécher, environ une semaine.
Rapidement je me suis résolu à ajouter un ingrédient « chimique », car parfois nous avons pas le choix, mais il faut dire que le « siccatif » pour les peintures à l’huile est affaire ancienne.
La recette sera en volumes, vraiment le truc de grand-mère, simple rapide et efficace :
- une partie de pigment de couleur aux choix
- deux parties d’huile à diluer 000 de JoopStoop ou Huile grasse Charbonnel 30 poises
- QB Siccatif pour peintures à l’huile
Encore quelque mot sur le « siccatif », j’ai utilisé un produit qu’on trouve facilement dans les magasins de bricolage, après avoir lu la fiche technique et la fiche de sécurité, je peux vous dire qu’il correspond plus ou moins au « Siccatif de Courtrai » vendu en magasin de Beaux arts. Les quantités utilisées sont minimes (lire le mode d’emploi), en tous les cas prenez soin de travailler dans un endroit bien ventilé, avec gants et lunettes de protection, il va de soi que quand on fait de la gravure on ne mange pas, on ne boit pas, on ne fume pas, éventuellement faite une pause pour les deux premières chose en sortant de l’atelier, pour la troisième… cherchez d’arrêter.
Donc, dans la vidéo quelque goutte de siccatif m’ont permis d’accélérer l’essuyage de l’encre qui se fait en environs 8 heures, chose qui est acceptable, l’aspect final est extrêmement mat, je dirais velouté, chose fort agréable sur ce noir de mars.
Pas de surprises non-plus, les feuilles imprimées restent bien plates , pas de craquelures, l’encre est flexible et résistant à un enroulement modéré.
Je vous avoue que je ne suis pas du tout encore à l’aise avec l’estampe en relief, j’ai toujours pas la maîtrise de l’encrage, donc j’en met un peu trop, chose que dans ce test m’a permis malgré tout de vérifier la qualité de cette préparation.
Voilà, cet article sur L’encre et le Frottoir pour la Taille-d’épargne est terminé, maintenant c’est à vous de me donner vos impressions… à bien-tôt.