Aménager l’atelier 2

Aménager son « atelier débutant » en Taille-douce sans investir dans du « professionnel », comment ?


Chapitre 2, La Presse Taille-Douce

Tout le matériel décrit dans cet article, et dans les suivants, a été acheté transporté et monté à mes frais, sans aucune participation des marques mentionnées qui ne me versent non plus des agios ou ne m’offrent pas des facilitations quelconques.

Proca

Première Loi de la Taille-douce : la mauvaise presse n’existe pas (ou presque), existent seulement des mauvaises gravures.

Avec une presse de ce type on imprimait parfaitement des gravure de taille considérable.

Deuxième chapitre sur comment aménager son « atelier débutant » en Taille-douce, eh oui, je commence en abordant le sujet le plus épineux, le plus controversé et le plus compliqué à définir, peut être…

Des presses, sur le marché, il y en a une quantité de plus en plus grandissante, nous trouvons maintenant des modèles fabriqués aussi dans d’autres pays, chose rare il y a seulement quelque décennie. Le choix devient donc plus vaste, mais sans doute plus compliqué pour l’acquéreur.

Les types de presse Taille-douce

Nous pouvons classifier ces « machines » sous diverses catégories et sous catégories, cela nous servira pour une analyse et une comparaison entre les différents modèles et à comprendre réellement comment fonctionne l’estampe d’une gravure en Taille-douce.

  • Type d’entraînement :
    1. sur cylindre supérieur
    2. sur cylindre inférieur
    3. avec crémaillère
    4. intégrale (les deux cylindre tournent ensemble)
  • Énergie :
    1. manuelle
    2. moteur électrique
  • Taille :
    1. petite
    2. moyenne
    3. grande

Pour quelqu’un le poids aussi a une importance primordiale.

Maintenant, une considération qui reprend la première phrase de ce chapitre :

Au tout début, les presses en taille-douces, étaient en bois, du bois « dur » bien-sûr, mais toujours du bois et leur entraînement se faisait directement sur le cylindre supérieur à force de bras et de pieds sans aucune démultiplication ou aide à l’effort.

En dépit de leur conception et construction rudimentaire, les premières machines, permettaient des estampes parfaites, de grande taille, imprimées en grand quantité et rapidement, leur taille n’était limitée que par la mesure de la feuille.

atelier débutant en taille douce
Une des tables composant le « Plan Turgot » (plan de Paris) exécuté entre 1734 et 1739, qui fait 40 cm par 1 mètre 60 (la plaque en cuivre, pas le plan que lui fait 2 mètres 49 sur 3 mètres 18).

Cela nous nous confirme que, même avec une presse simple, correctement conçue et solidement construite, nous pouvons imprimer parfaitement une petite comme une grande plaque, à condition qu’elle soit correctement gravée.

Et si quelqu’un aurait l’incontenable pulsion de se construire une presse…

Que choisir ?

Mon expérience personnelle m’a fait, heureusement, connaître différents modèles de presse, en Italie, d’où je viens, nous avons des presses avec le cylindre entraîneur bas ou à traction intégrale, le premier type est aussi proposé avec une crémaillère qui fait avancer le plateau en synchronie avec le cylindre et annule le handicap de ce système en cas de faible pression, surtout pour la taille d’épargne.

La Rolls-Royce

La seule presse que je connaisse avec un mouvement solidaire sur les deux cylindres est fabriqué en Italie par Torchi Calcografici Bendini, cette machine est, dans le Bel Paese, considérée la référence des presses taille-douce, on la trouve dans pratiquement toutes les écoles où la gravure est pratiquée et dans la plupart des atelier d’impression en taille douce.

La France m’a fait connaître les presse à entrainement par le cylindre haut et aussi le débat sans fin sur la prétendue supériorité du dit système.

Considérations

Il faut savoir que une presse peut développer une pression considérable, toutefois amortie par ses différents composant et « garnitures ». Deux tonnes par centimètre carré de pression sont généralement suffisantes pour tout imprimer, cette pression est restituée sur une surface correspondante à la zone de tangence du cylindre avec le plateau, donc un fine surface qui traverse le plateau de la presse et qui avance sur la feuille durant l’impression. Les langes réduisent la pression et élargissent la partie tangente la rendant progressive et réduisant, ainsi, l’effet de bandes plus au moins chargées d’encre qu’une vitesse d’avancement non parfaitement uniforme causerait.

Les « cartons », sous les vis de réglage de pression, sont là pour effectivement corriger, en partie, l’éventuel excès de pression, mais surtout ils corrigent l’éventuel réglage inégale entre les deux côté du cylindre, déréglage qui pourrait faire casser les paliers ou les roulements du dit cylindre, maintenant la plupart des presses montent des roulements oscillants qui n’auraient plus besoin de cartons sauveurs.
Une autre tendance est de remplacer les cartons par des ressorts calibrées, j’ai vu une presse avec ressorts facilement interchangeables qui donnaient des pressions différentes selon leur modèle, une « complication » toutefois intéressante.
Finalement, il existe au moins une presse sans cartons et sans ressorts où la pression est réglée avec des vis traditionnelles directement sur le palier du cylindre, tout amortissement se fait par les langes il s’agit de…

La presse de Chartreuse

Après avoir cherché longuement, j’ai bien trouvé une presse qui me convenait, et en prestations, et en prix.

Je vous en met une vidéo juste de suite pour rappel, car je tiens à vous expliquer pourquoi j’ai opté pour cette originale et élégante presse en alliage d’aluminium.

Le jour que ma presse est arrivée…

Donc vous l’avez compris, j’ai eu de la chance à avoir pu utiliser différentes presses : des très simples, des très compliquées, des pas chères et des très chères.

Certains paramètres sont essentiels pour un outil, il doit durer dans le temps et il doit garantir des résultats, non seulement de qualité, mais aussi prévisibles et stables, il y a rien de plus fâcheux que perdre du temps dans des interminables réglages qui se perdent au four et à mesure que les tirage se multiplient.

Une bonne presse pour la taille-douce doit être simple, robuste et fiable.

Comme beaucoup de presses, celle ci naît par le désir d’un graveur d’avoir son outil sur mesure, l’histoire se répète , je cite ici les mots du fabricant :

« Presse de Chartreuse » est né de la volonté d’une jeune étudiante à pratiquer la gravure dans son petit appartement. N’ayant plus l’atelier de l’école des beaux-arts à disposition, elle décide d’aller voir son père, qui possède de grandes machines et du génie.
Elle lui explique le fonctionnement, les techniques, la pression. Il se renseigne, regarde l’existant, cogite : Je peux faire mieux, moins cher, plus léger !

https://pressedechartreuse.jimdofree.com/

Eh oui, j’ai fait confiance et j’ai commandé la machine, or le fabricant m’a donné 10 jours après réception pour l’essayer et, si pas satisfait, j’aurai pu la rendre sans frais et sans avancer de l’argent… quoi que, ça aussi a été un argument fort qui m’a convaincu.

En fin

Il s’agit d’une presse légère, chose qui ne plait pas à beaucoup… j’ai entendu des légendes au sujet, la plus frappant a été sûrement celle d’une soi-disant « buriniste » qui affirmait que le cylindres devaient être en acier plein et très lourd pour aller « pêcher » l’encre au fond du sillon, bon…

Or je peux vous dire que c’est faux, car j’ai essayé d’imprimer « de tout et du n’importe quoi » avec la Presse de Chartreuse et chaque (bonne) plaque à donné un parfaite estampe, un exemple ici de suite avec une ancienne matrice gravé au burin sur acier au XIXe siècle.

Une impression à la volée avec la presse de Chartreuse.
Le banc pour la presse.

Même si il n’est pas important que la presse en elle même soit énormément lourde, toutefois elle doit être bien stable sur ses pattes, ce surtout quand nous utilisons des pressions importantes ou, des plaque de fort épaisseur (regardez toujours la vidéo ici dessus, la plaque fait 2 mm).

en conclusion

Donc encore merci Ikea avec sa gamme de dessertes et tables pour cuisine qui font l’affaire, dans cette photo la presse n’est pas fixée, mais actuellement elle l’est et elle a gagne en stabilité, rien vous empêche de chercher un support plus lourd ou de le lester, même la fixer au sol comme le sont les grandes presses chez les imprimeurs.

Proca - Aménager son atelier 2
La desserte et la presse
Proca - Aménager son atelier 2
La raison pour laquelle on passe du temps à enlever les poils de chat sur les langes…

Après celui sur les meubles, et le présent, le prochain article sera, je crois, le dernier au sujet, il pointera sur les outils, comme la « poupée » le plaques d’encrages, les couteaux, les bacs pour l’acide et pour mouiller les feuilles etc. et toujours avec un œil à la qualité et l’autre au portefeuilles.

Et vous ? Comment pensez-vous aménager parfaitement votre « atelier débutant » en Taille-douce ?